Burkina Faso 2018 : Ça commence bien pour ce pays !
À peine avons-nous franchi les portes de 2018 qu’on tombe sur des scoops au Pays des Hommes intègres, le Burkina Faso. En effet, depuis le mercredi 03 janvier, l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité sous la Transition, Auguste Denise Barry, a été déposé à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). Il est soupçonné d’avoir tenté de déstabiliser le pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré. C’est le colonel Serge Alain Ouédraogo, un proche de l’ancien Premier ministre Yacouba Isaac ZIDA tout comme le présumé coupable en question ici, qui aurait alerté les autorités sur les projets prêtés à Barry. C’est dire déjà à quel point ce pays est loin de renouer avec une démocratie réelle, surtout quand on sait que les « djihadistes » font du Burkina Faso leur terrain favori et que la grogne sociale ne fait qu’aller crescendo.
« En deux ans de gestion, le président Roch Marc Christian Kaboré a navigué à vue, peinant à affirmer son autorité et celle de l’Etat. Il n’a pas su non plus remettre les Burkinabè au travail ». Ainsi analysait notre confrère Salouka Boureima dans les colonnes du Présimètre, cette plate forme d’évaluation du mandat du président Roch Marc Christian Kaboré (RMCK), créée par des membres de la Société civile burkinabè. Selon l’enquête soumise aux citoyens burkinabè, le président Kaboré s’en est ensorti avec la note de 4,79/10. Une note qui dénote de la désillusion et du tâtonnement du pouvoir sur des questions vitales comme la sécurité, l’emploi des jeunes, l’éducation ou encore la justice.
Dans le cas particulier du Burkina Faso, nous avons affaire, non pas à une question de succession, mais plutôt à une problématique de gestion du pouvoir dont les principaux acteurs sont bien évidemment le président lui-même, Simon Compaoré, ministre de la sécurité, et Salif Diallo qui a passé l’arme à gauche en 2017, laissant le champ de bataille aux deux premiers cités.
2018 s’annonce déjà laborieuse et déterminante
2018 s’annonce déjà laborieuse et déterminante avec des mouvements sociaux comme la grève des enseignants qui peinent à se faire entendre par le pouvoir et dont les conséquences se feront certainement ressentir en fin d’année scolaire par les élèves et leurs parents.
À cela s’ajoute l’épineuse question sécuritaire et la sûreté de l’État, sans occulter les dossiers pendants de la justice et la réconciliation nationale.
Auguste Denise Barry, ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité sous la Transition, fait déjà les frais de son « agitation », puisqu’il a été déposé à la MACA depuis le 03 janvier pour des « faits de présomption d’atteinte à la sureté de l’Etat ». Il cohabite désormais avec le général putschiste Gilbert Djendéré qui a perpétré, en 2015, le coup d’Etat « le plus bête du monde », selon les mots du président guinéen, Alpha Condé. Lui aussi attend son jugement, pas plus que les milliers de Burkinabè qui ont été marqués par ce coup d’Etat ayant fait long feu et qui a été suivi par la dissolution pure et simple de l’ex-Régiment de Sécurité présidentielle (RSP).
Le président Kaboré ne doit pas avoir le sommeil tranquille…
Revenant sur l’affaire « Barry », son Centre d’études stratégiques en défense et sécurité (CESDS) à Ouagadougou s’apprêtait à publier d’ici à la fin de 2018 un rapport sur le terrorisme au Burkina Faso, selon le site du journal Jeune Afrique. Une cinquantaine d’experts y analyseraient le phénomène sous l’angle sociologique, anthropologique et historique avec à la clé un document qui dénoncerait le sous-équipement sans oublier le manque d’effectifs des forces de sécurité dont les premiers responsables ne seraient autres que l’ex-président Blaise Compaoré, en fuite en Côte d’Ivoire, Michel Kafando, président de la transition politique et RMCK lui-même. De quoi courroucé ces supérieurs hiérarchiques qui y voient déjà une divulgation de secret militaire.
Qu’à cela ne tienne ! Toujours est-il que les principaux accusés du coup d’Etat manqué sont soient lavés de toute faute, comme Eddy Comboïgo, soient en liberté provisoire comme le général Djibril Bassolé. A vrai dire, le président Kaboré ne doit pas avoir le sommeil tranquille, au regard de son fauteuil qui est de plus en plus menacé, non seulement par toutes ces tribulations mais aussi par la vindicte populaire.
Le peuple burkinabè a plus que confiance qu’il peut faire basculer les choses à son avantage pour peu que les signes passent au rouge. Et là, les signes tendent vers le rouge déjà, à mi-chemin du mandat du président RMCK. Il a encore peut-être une cartouche de chance. Il devrat taper plus en plus sur la table, à commencer par un remaniement ministériel pour faire réellement bouger les lignes, car 2020 est déjà là.
Aris Kus
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