Allô tonton Sympho, c’est Aris, Allô ?!!! Allô
Allô, allô, allô, c’est Aris. Allô tonton, tu m’entends ? ça doit être un problème de réseau. Allô, alloooooooo.
Je t’appelle en vain. Beh je te laisse ce message vocal, au cas où tu pourrais l’écouter après.
À vrai dire, ça fait maintenant près de trois ans que nous tentons de te joindre mais en vain. Ton téléphone sonne toujours fermé. Tu es parti, tu t’es effacé, tu t’es éclipsé, tu t’es glissé, nous laissant tout pantois. Tu aurais dû nous prévenir avant de partir.
Regarde comment tes amis ont dansé à tes funérailles, fous de rage.
Les jambes en l’air, ils sautaient, les larmes dégoulinant le long des joues, la gorge nouée, le regard hagard.
Regarde comment ces femmes ont dansé au rythme envoutant des balafons et aux voix enivrantes des cantateurs ;
Primaelle t’a pleuré comme jamais ;
Lynda t’a regretté
Et tantie… que dis-je !
Ils t’ont mis dans un cercueil, comme si c’était ta place là-bas. Ensuite, des bras valides t’ont soulevé et t’ont amené…
Ils t’ont amené devant l’entrée de la porte d’entrée de Kito yir. Ils ont déposé le cercueil, ils t’ont descendu à l’aide d’une corde dans un trou et placé à côté de ta grand-mère Adèle. Ils t’ont refermé avec une dalle. Et en une pelée, deux pelées, te voici sous terre.
Moi qui pensais que c’était juste pour que tu explores les profondeurs des abîmes et nous revienne conter ce qui se trame là-bas ;
Moi qui pensais que tu blaguais avec une mise en scène digne d’un film de haute fiction !
Mais le temps est en train de m’ouvrir les yeux sur la réalité têtue que tu n’es plus de ce monde ;
Un monde où l’on se croit infini jusqu’à ce que la mort nous démontre tout le contraire ;
Et finalement tout n’est que vanité, comme disait l’Ecclésiaste : « Vanitas vanitatum, omnia vanitas »
Tu nous manques. Et plus les années passent, plus le fossé de ton absence se fait plus profond.
Tu nous manqueras à jamais, toi au rire si caverneux dont toi seul a le secret ;
Toi aux gags si hilarants
Je me rappelle les séquences de blagues à la radio Gaoua où tu illuminais les auditeurs par ces plaisanteries les samedis ;
Tu manqueras à chaque seconde de nos vies, à nos moments de délire, à nos moments de joie et de peine, à nous en un mot.
Mais moi, je pense que cela n’est que pure fiction ; j’en suis convaincu !
Tu nous reviendras, le dos bossu, arborant veste et cravate ou un boubou ;
Tu nous reviendras, plein de sourire.
Tu nous diras : « Qu’est-ce que vous croyez ? Moi, Sympho, mort ? Non, j’étais juste de l’autre côté ! »
Et là, nous sauterons de joie ;
Grand-maman sera ivre de joie ;
Klom (tantie Flore) sera enthousiaste ;
Ta dulcinée sèchera ses larmes ;
Tes petits/petites fils/filles sauront alors que tu étais quelqu’un de bien
Au cœur aimable, qui ne garde pas rancune, et qui donne sans compter.
Moi, j’attends ce jour, imperturbable, comme un molosse.
Si tu écoutes ce message vocal, rappelle-moi s’il te plaît, tonton Sympho.
On t’aime énormément
Ton très cher neveu Aris
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